Le changement climatique, susceptible d’aggraver la faim dans le monde
Potentiel de production: les pays industrialisés pourraient y gagner, les pays en développement y perdre
Source : site de la FAO.
7 août 2007, Chennai/Rome - Le changement climatique nuira vraisemblablement à la production vivrière du monde en développement, tandis que les pays industrialisés pourraient enregistrer des gains de production, a déclaré le Directeur général de la FAO, M. Jacques Diouf, aujourd’hui, dans une allocution prononcée lors de la Conférence de la Fondation de recherche M.S. Swaminathan à Chennai (Inde).
"Le rendement potentiel est susceptible d’augmenter aux plus hautes latitudes, selon les cultures, en cas d’accroissement moyen de la température de la planète de 1 à 3°C, puis de diminuer ensuite", a-t-il indiqué. "En revanche, aux plus faibles latitudes, en particulier dans les régions tropicales aux sécheresses saisonnières, il reculera probablement, y compris en présence de légères augmentations de température, ce qui accentuerait le risque de faim".
L’augmentation de la fréquence des sécheresses et des inondations aurait des répercussions négatives sur la production locale, en particulier dans les secteurs de subsistance à faible latitude, a ajouté M. Diouf.
"L’agriculture pluviale dans les zones marginales des régions semi-arides et subhumides est la plus à risque", a-t-il expliqué. "L’Inde pourrait perdre 125 millions de tonnes de céréales non irriguées – soit l’équivalent de 18 % de sa production totale".
Les impacts du changement climatique sur les forêts et sur les populations tributaires des forêts sont déjà manifestes avec la multiplication des feux de forêt et des foyers de ravageurs et de maladies. Selon M. Diouf, une adaptation au changement climatique sera nécessaire dans un grand nombre d’écosystèmes, y compris les agro-écosystemes (cultures, élevage et herbages), les forêts et les terres boisées, les eaux continentales et les écosystèmes côtiers et marins.
Exploitation des nouvelles biotechnologies
La science et la technologie devront être le fer de lance de la production agricole au cours des 30 prochaines années, à un rythme plus soutenu que ne l’a fait la Révolution Verte durant les trois dernières décennies, a affirmé M. Diouf.
"L’exploitation des nouvelles biotechnologies, et notamment la culture in vitro, le transfert d’embryons et l’utilisation de marqueurs ADN, peut compléter les approches classiques de sélection, en accroissant les niveaux de rendement et l’efficacité d’utilisation des intrants, en réduisant les risques et en améliorant la qualité nutritionnelle," a-t-il affirmé.
Il a cependant souligné que la plupart des plantes génétiquement modifiées cultivées aujourd’hui ont été conçues pour leur tolérance aux herbicides et leur résistance aux parasites. Mais les cultures OGM présentant des traits précieux pour les agriculteurs pauvres, en particulier face au changement climatique - tels que la résistance à la sécheresse, aux températures extrêmes, à l’acidité et à la salinité du sol – ne sont pas encore une réalité.
"Je ne me lasserai pas de réaffirmer la nécessité d’affronter également les besoins des agriculteurs pauvres dans les zones pluviales et sur les terres marginales", a déclaré M. Diouf. "Veiller à ce que les nouvelles biotechnologies contribuent à ce but, en tenant pleinement compte des considérations de biosécurité, de socio-économie et d’éthique liées à l’utilisation de certaines de ces technologies, demeure un défi pour toute la communauté scientifique".
En Inde, pas que des succès
Faisant remarquer que le thème de la Journée mondiale de l’alimentation de cette année (16 octobre) est "le droit à l’alimentation", M. Diouf a félicité l’Inde pour son rôle de pionnier et de modèle dans la mise en application de ce droit grâce aux contributions de tous les secteurs de la société.
En particulier, il a mis l’accent sur le Programme intégré pour le développement de l’enfant (ICDS), qui offre à des millions de mères et d’enfants des services de soin, une éducation nutritionnelle et sanitaire, une éducation préscolaire, une alimentation complémentaire, un suivi et une promotion de la croissance, et se rattache aussi aux services de santé de base comme l’immunisation et la complémentation en vitamine A.
En outre, le Directeur général de la FAO a félicité l’Inde pour son programme national « Midday Meal » qui offre des repas gratuits aux écoliers, et pour sa loi de garantie de l’emploi rural visant à affronter les problèmes de pauvreté rurale.
Et pourtant, ces succès n’éclipsent pas pour autant les problèmes qui demeurent, a également remarqué M. Diouf.
"Aux succès impressionnants de la croissance économique de l’Inde et de son émergence en tant que puissance mondiale s’oppose un tableau plus sombre, une bonne partie de la population indienne ne bénéficiant pas des transformations dynamiques en cours dans le pays", a-t-il remarqué, citant des statistiques de l’Enquête nationale sur la santé des familles qui montrent que 40 pour cent des adultes du pays sont trop maigres et que 79 pour cent des enfants de 3 mois à 3 ans souffrent d’une forme d’anémie.
“Aucun état en Inde n’est exempt d’affections liées aux carences en iode, tandis que la carence en vitamine A continue d’être un problème de santé publique parmi les écoliers d’âge préscolaire. Dans un pays où 348 millions d’habitants ont moins de 14 ans, il s’agit de niveaux alarmants de malnutrition infantile,” a mis en garde M. Diouf.
Source : site de la FAO.