La gazette de cote d'or sort aujourd'hui un article sur le changement climatique en Bourgogne. C'est un sujet à la mode, après un article du même genre dans le dernier Bourgogne magazine.
Morceaux choisis :
Coup de chaud sur la Bourgogne
L'article complet sur le site de la gazette de cote d'or.
Canicule l’été et douceur l’hiver
En France, les projections pour la fin du XXIe siècle font apparaître clairement des étés plus chauds de l’ordre de + 4°C, et une forte diminution des précipitations sur les régions méditerranéennes. D’où un risque de sécheresses estivales important dans le sud. Des hivers plus doux (+ 2°C) et une augmentation des précipitations sur toutes les régions notamment l’Ouest de la France.
Quant au climat qui régnera en Bourgogne à l’orée du XXIe siècle difficile de le dire avec certitude du fait de son hétérogénéité climatique : « La Bourgogne traversée par le couloir Rhône-Saône, explicite Denis Thévenin, délégué départemental Météo France pour la Côte-d’Or, est un cas particulier où il n’y pas d’unité climatique. On a, au contraire, une multitude d’influences : continentale, océanique, méditerranéenne et montagnarde pour la partie Morvan. »
Mais comme le reste de la planète, la Bourgogne n’échappe pas au réchauffement en cours. La température moyenne annuelle a augmenté de 0,8°C au cours du XXe siècle. Plutôt qu’une augmentation des valeurs maximales, cette hausse de la température moyenne est imputable à une augmentation des minima. Autre fait marquant, le radoucissement des hivers. Météo France enregistre une baisse de 30 % des séquences de cinq jours consécutifs avec des températures minimales inférieures à 5°C entre le début et la fin du siècle. Les températures maximales n’ont pas évolué de manière significative. Cependant, parmi les vingt années les plus chaudes entre 1883 et 2004, huit sont postérieures à 1990.
Les précipitations ont augmenté de 20 % l’hiver tandis qu’elles chutent de 10 % l’été. Depuis 1950, on note une fréquence accrue des épisodes de fortes pluies. Des tendances qui devraient se poursuivre tout au long du XXIe siècle avec une hausse des températures estivales à hauteur de 5 à 6°C et de 2°C pour celles de l’hiver et des précipitations en fort accroissement lors de cette même saison.
Un réchauffement perceptible dans la nature
D’ores et déjà les indices d’un réchauffement sur la nature bourguignonne sont indéniables.A l’image de la forêt qui connaît de forts dérèglements parmi les peuplements de résineux et, dans une moindre mesure, des feuillus.
Paradoxalement, le réchauffement a une conséquence positive puisque l’augmentation des teneurs en dioxyde de carbone contribue à l’accroissement de la productivité forestière. En Bourgogne, celle-ci a augmenté à un rythme annuel de 1,8 % entre 1980 et 1990.
Mais à moyen terme la balance du réchauffement risque fort d’être négative pour la forêt. Comme en convient Roland Susse, président des experts forestiers bourguignons, : « On commence à enregistrer des mortalités importantes de l’épicéa, de l’albies grandis et plus faiblement du douglas, du hêtre sur les plateaux calcaires et du chêne pédonculé. C’est la conséquence de la canicule de l’été 2003 à laquelle s’est ajouté un mois de juillet 2006 chaud qui a affaibli la résistance des arbres. Depuis, le nombre de parasites est en explosion. »
Dans la vigne, les changements climatiques se font également sentir. Depuis 1970, la date de floraison s’est avancée de 12 jours en Côte-d’Or et la date des vendanges de 23 jours.
Autre indice du réchauffement, les oiseaux – très sensibles aux évolutions climatiques – qui, grâce à leurs déplacements, réagissent rapidement à des modifications de leur milieu. Des espèces migratrices reviennent plus tôt dans l’année, d’autres propres au bassin méditerranéen font leur apparition sur les contours de la Bourgogne. Autant de symptômes concordants du réchauffement et qui commence à modeler de nouvelles conditions d’existence pour les êtres vivants.
« Il convient de rester très vigilant »
Jean-Pierre Besancenot, directeur de recherches au CNRS et responsable du laboratoire Climat et Santé à la faculté de médecine de Dijon, fait le point sur les risques sanitaires dus au réchauffement climatique.
La Gazette : Y a-t-il des risques plus réels de maladies infectieuses liées au réchauffement climatique dans l’Hexagone ?
Oui avec la maladie de Lyme transmise à l’homme par les tiques. Il suffit d’un été chaud pour que le nombre de cas augmente, surtout dans les régions où la forêt est importante. Là, il y a un risque non négligeable.
Un cas plus préoccupant est le moustique Aedes Albopictus. C’est le moustique vecteur du chikunguya qui a sévi à La Réunion en 2006. Originaire d’Extrême-Orient, il est également présent en France. Il a pu être éradiqué en Haute-Vienne et en Picardie mais il reste implanté sur la Côte-d’Azur notamment à Nice et Menton.
Jusqu’à présent, il n’y a jamais eu en France de maladie associée à ce moustique. En revanche, en labo, on constate qu’il peut être porteur de virus tels que le chikunguya, la fièvre jaune et la dengue. En théorie le danger est donc réel, mais en pratique, à l’état naturel, on n’a jamais prélevé de cas infecté.
En conclusion, il convient de rester très vigilant, car une fois installé il est très difficile d’éradiquer ce moustique. Le réchauffement climatique a également un effet sur les allergies au pollen. Les plantes méditerranéennes se déplacent vers le Nord. La période de pollinisation est de plus en plus précoce et longue. On observe déjà ce phénomène avec l’allergie au pollen de bouleau.
Mis à part les pathologies liées aux insectes, quels sont les autres dangers dus à un réchauffement des températures ?
Dans nos régions développées, avec des systèmes de santé performants, le plus gros risque est l’effet direct du réchauffement et non les maladies infectieuses.
Certes, en hiver, ce réchauffement sera bénéfique avec un recul des maladies respiratoires et cardiaques. Mais à l’inverse, l’été, comme l’a montré la canicule de 2003 avec 15 000 morts, la surmortalité sera importante. On prévoit pour la deuxième moitié du XXIe siècle des étés caniculaires comme celui de 2003 tous les deux ans.
On risque donc d’avoir en période estivale des hécatombes, d’autant plus que le nombre de personnes âgées va augmenter. Si l’on prend les prévisions démographiques les plus basses, on aura en 2050 4 fois plus de personnes de plus de 85 ans. Ce qui signifie qu’un été comparable à celui de 2003 pourrait, si l'on ne faisait rien, entraîner quelque 60 000 décès !
A partir de quel seuil de température y a-t-il surmortalité ?
Pour la région de Dijon, on estime qu’à partir de 19°C la nuit et 34°C le jour il y a un risque de surmortalité. A condition que ces deux seuils soient dépassés. Ils varient d’une région à une autre car l’organisme s’habitue à son milieu.
Les températures nocturnes jouent un grand rôle. Quand l’organisme n’arrive plus à récupérer la nuit, il ne supporte plus les températures élevées de la journée. Et tous les modèles prévoient une hausse plus forte des températures la nuit que la journée.