Le changement de climat pourrait entraîner la fonte de la merzlota en Russie
Le changement climatique s'accompagne notamment d'une hausse des températures. Ce phénomène n'est pas uniforme sur le globe, il est plus important sur les zones polaires. Merzlota est un mot d'origine russe мерзлота, qui veut dire « terrain congelé » (http://fr.wiktionary.org/wiki/merzlota), on parle aussi de pergisol ou de permafrost.
Le réchauffement du pergisol entraine le rejet de méthane, issus de la décomposition des végétaux, jusqu'alors retenu par le gel. Le méthane est un gaz à effet de serre qui à un potentiel de réchauffement global 23 fois supérieur au dioxyde de carbone. On parle aussi de "bombe climatique" pour désigner ce phénomène.
Dépêche de l'agence RIA. 26/10/2007 19:59 DJAKARTA, 26 octobre - RIA Novosti.
La plus grosse menace que le réchauffement du climat fait peser sur la Russie est la possibilité, au rythme actuel de la hausse des températures, de voir fondre la merzlota, estime le président de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), Alexandre Bedritski.
M. Bedritski, qui est aussi directeur du Service fédéral russe d'hydrométéorologie et de surveillance de l'environnement (Roshydromet), conduit la délégation russe à la rencontre des ministres de l'Environnement de 34 pays sur les changements de climat, organisée dans la ville de Bogor, en Indonésie, pour préparer la prochaine conférence de Bali.
Le territoire russe est recouvert à 60% par la merzlota et sa fonte serait lourde de conséquences pour toutes les infrastructures: gazoducs, oléoducs, voies ferrées, ponts et autres ouvrages, a-t-il indiqué.
"C'est un gros problème qu'il va falloir résoudre", a-t-il déclaré.
"Dans les plans de développement économique et social à long terme, il faut prévoir des mesures prenant en compte les changements climatiques", estime le président du Roshydromet.
Il s'agit d'une mission assez difficile: il faut disposer de solides estimations des changements climatiques, a-t-il souligné. Les services hydrométéorologiques travaillent aujourd'hui avec ce genre d'estimations, en particulier en Russie où une estimation stratégique des changements climatiques et de l'influence de ces changements sur les différents secteurs de l'économie pour la période 2010-2015 a été publiée.
"Cela dépend du rythme de la hausse des températures" a noté M. Bedritski.
"Nous nous attendons à une élévation des températures de l'ordre de 0,6°C en Russie pour 2010-2015", a-t-il précisé, ajoutant qu'il s'agissait d'une très forte hausse, la température ayant augmenté de 0,72°C en moyenne sur l'ensemble du XXe siècle et de près de 1°C en Russie, sur 100 ans. "Maintenant, on attend un changement de 0,6 degré en 2010-2015, par rapport aux températures de 2000. Comparez les rythmes: 1°C en 100 ans et d'un seul coup 0,6°C en 10 ou 15 ans.
Le réchauffement des marécages menace également la Russie. Ils contiennent du méthane qu'une hausse des températures libèrerait en grande quantité dans l'atmosphère, a expliqué le scientifique.
"Normalement, la nature régule elle-même ce phénomène. Les rejets et les changements se produisent pour différentes raisons, et il y a déjà eu des réchauffements, mais pas au rythme que nous connaissons aujourd'hui", a-t-il assuré.
Auparavant, quand des gaz à effet de serre étaient libérés en plus grande quantité dans l'atmosphère, augmentant l'effet de serre, cela entraînait parallèlement une augmentation de la biomasse. Cette masse végétale absorbait les gaz, et la régulation se faisait naturellement.
"Le problème tient aujourd'hui au fait que non seulement l'homme influence la hausse des rejets de gaz à effet de serre par la combustion de carburant (cela représente 60% de ces rejets), mais il abat également la forêt pour l'agriculture (20%). 70% de ces 20%, soit environ les deux tiers, correspondent à la disparition de la forêt tropicale", a exposé M. Bedritski.
"Comme si les rejets dus à la combustion ne suffisaient pas, on perd également les capacités d'absorption et la régulation naturelle s'affaiblit", a-t-il résumé.
http://fr.rian.ru/russia/20071026/85626988.html