M. Sarkozy a appelé dimanche les Etats-Unis à "ne pas faire obstacle à la lutte contre le réchauffement climatique" dans sa première déclaration après son élection à la présidence de la République.

"Il a même appelé les Etats-Unis à prendre la tête de la lutte contre le changement climatique", a fait observer Nathalie Kosciusko-Morizet, députée UMP de l'Essonne, spécialiste des questions environnement.

Dans cette lutte, les Américains ont une triple responsabilité, à la fois technique, culturelle et politique, a-t-elle commenté à l'AFP.

"Ils ont une responsabilité technique sur la mise en oeuvre de nouvelles technologies, culturelle avec l'+american way of life+ qu'ils ont exportée et qui est très consommatrice de gaz à effet de serre, et politique parce qu'ils sont très réticents sur tout ce qui ressemble de près ou de loin à une perte de souveraineté et qu'ils vivent l'émergence d'une gouvernance environnementale comme une perte de souveraineté", a-t-elle précisé.

"Au niveau fédéral, il y a un décalage entre ce qu'on pourrait attendre d'un pays comme les Etats-Unis et ce qu'ils nous proposent", a estimé la députée.

Reste à persuader les Américains. "Que Nicolas Sarkozy rejoigne Tony Blair et Angela Merkel sur l'appel aux Etats-Unis à faire des efforts sur la négociation climatique, c'est important", a souligné Yannick Jadot, responsable des questions climat à Greenpeace.

Mais "ce qui nous parait encore plus important, c'est de bien clarifier que les Etats-Unis doivent rejoindre le processus de négociation de Kyoto", a-t-il ajouté.

"Il faut faire rentrer les Etats-Unis dans la négociation post 2012 et voir comment ils pourraient rattraper le retard qu'ils ont pris dans la première période de Kyoto", a-t-il indiqué. "On attend beaucoup le nouveau président de la République sur ces questions", a ajouté le représentant de Greenpeace.

Les Etats-Unis sont le principal pays émetteur de gaz à effet de serre, avec 1/4 des émissions mondiales, mais ont refusé de ratifier le protocole de Kyoto qui impose aux pays industriels signataires de ramener leurs émissions de la période 2008-2012 au niveau de l'année de référence 1990.

"C'est bien d'alerter nos amis américains mais la France et l'Europe doivent être exemplaires", a commenté pour l'AFP Serge Orru, Directeur général du Fonds mondial pour la nature WWF.

Les engagements européens visent à multiplier par trois les énergies renouvelables et à réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre de l'UE d'ici 2020, a-t-il rappelé.

En France, le nouveau président "sera obligé de faire progresser les choses parce que sur le nucléaire, les OGM, les autoroutes et les incinérateurs, il est totalement en opposition avec les ONG. Donc, il va devoir forcément évoluer sur d'autres points", estime M. Orru.

Enfin à l'international, "le grand enjeu pour la France et les autres pays développés sera de savoir comment convaincre la Chine, l'Inde, le Brésil et les autres pays émergents à se développer autrement alors que nous, nous leur avons montré ce qu'il ne faut surtout pas faire", a-t-il souligné.