"Comprendre où ces changements du climat présentent la plus grande menace pour les cultures, et à quelle échéance, est essentiel pour adapter nos efforts afin de mieux combattre la famine et la pauvreté au cours des deux prochaines décennies", poursuit cet expert dont l'étude paraît dans la revue Science datée du 1er février.

"L'agriculture est l'une des activités humaines qui malheureusement est la plus vulnérable aux changements climatiques", ajoute dans un communiqué l'auteur principal de cette étude.

Les températures et précipitations sont les facteurs clés affectant le rendement des récoltes.

Pour déterminer l'impact du réchauffement sur l'agriculture dans douze régions où vit la plus grande partie de la population souffrant le plus de malnutrition, les auteurs ont analysé vingt modèles informatiques de changement climatique.

Ils ont conclu que la température moyenne pourrait augmenter d'un degré d'ici 2030 dans la plupart des zones géographiques étudiée, tandis que les précipitations saisonnières dans certains endroits, dont l'Asie du Sud, l'Afrique septentrionale, l'Amérique centrale et le Brésil, pourraient nettement diminuer.

Leur analyse révèle plus particulièrement deux points où les impacts du changement climatique sur l'agriculture risquent d'être les plus sévères: il s'agit du sud du continent africain et de l'Asie.

Le sud de l'Afrique pourrait ainsi perdre plus de 30% de sa production de maïs, sa principale récolte, au cours des vingt prochaines années, tandis que l'Indonésie et l'Asie du Sud verraient leurs principales cultures (millet, maïs et riz) diminuer d'au moins 10%.

"Nous avons été surpris de l'ampleur et de la rapidité de l'impact du changement climatique sur l'agriculture de ces régions", note Marshall Burke, chercheur de l'Université Stanford et co-auteur de ces travaux.

"Pour les petits agriculteurs très pauvres, de telles pertes pourraient aisément les condamner à la famine", souligne-t-il.

En analysant systématiquement à travers toutes ces régions du monde un éventail étendu des récoltes et de leur importance, "nous espérons aider à établir des priorités dans les investissements nécessaires pour répondre à cette menace", ajoute ce chercheur.

Bien que des adaptions relativement peu coûteuses comme semer plus tôt ou plus tard dans la saison, ou remplacer les variétés de cultures, puissent limiter les effets néfastes du changement climatique, des mesures plus coûteuses sont toutefois nécessaires pour affronter ces problèmes, insistent les auteurs de cette recherche.

Ils citent la mise au point de nouvelles variétés de cultures et le développement de l'irrigation, des projets qui requièrent d'importants investissements par les gouvernements et des organisations internationales de développement.

Cette étude est publiée à un moment opportun puisque la communauté internationale des donateurs recommence à investir dans la productivité agricole des pays en développement, relève Rosamond Naylor de l'Université Stanford et une des coauteurs de l'étude.

Cette recherche relève aussi qu'un petit nombre de régions en développement comme les zones de cultures du blé en Chine, pourraient bénéficier à court terme du changement climatique.